Faire pousser des racines de champignon pour fabriquer un matériau innovant plus éco-responsable, en alternative au cuir d’origine animale, telle est la mission que s’est donnée la start-up américaine MycoWorks grâce à sa technologie brevetée Fine Mycelium. MycoWorks a développé sa technologie propriétaire Fine Mycelium, utilisant le mycélium, l’ensemble des filaments qui poussent sous terre, les racines des champignons. Leur secret de fabrication consiste à contrôler la croissance du mycélium pour que ses filaments s’entremêlent naturellement, formant un matériau résistant appelé Reishi.
Reishi, du nom japonais d’un champignon asiatique, se distingue du cuir de champignon classique, qui nécessite compression et encollage pour devenir résistant. La technologie de MycoWorks ne nécessite pas ces étapes, car les fibres de mycélium qui se tissent entre elles sont naturellement résistantes. Ainsi, le Reishi se rapproche de la performance du cuir animal sans les procédés polluants associés à la tannerie traditionnelle.

Reishi Fine Mycelium de Mycoworks (©Mycoworks)
Le mycélium est cultivé dans des plateaux standardisés de six pieds carrés, équivalant à une demi-peau d’animal. Ces plateaux contiennent un substrat composé de copeaux de bois recyclés, dans lequel le champignon pousse. En ajoutant un composite comme du coton naturel, les fibres de mycélium continuent à croître, se tissant avec celles du coton pour créer un matériau aux caractéristiques techniques d’étirement, de résistance, de souplesse et d’élasticité augmentées. Après récolte, le film de mycélium est envoyé dans une tannerie partenaire pour sa finition, où il peut être teint ou embossé pour obtenir un grain similaire à celui du cuir animal.
Ce processus est non seulement éco-responsable, mais également vegan et cruelty-free. Le mycélium capture le CO2 de l’air pour croître, tout en tirant la nourriture et l’eau nécessaires du substrat. Contrairement à l’industrie de la tannerie, qui utilise du chrome polluant pour rendre le cuir animal imputrescible, le processus de MycoWorks est végétal et non polluant. De plus, élever un animal pour sa peau prend au moins deux ans avec un impact carbone et une consommation d’eau colossaux, tandis que le mycélium met moins de six semaines à pousser sans exploitation animale.
Les panneaux de mycélium sont réguliers, limitant les chutes de matériaux et les déchets non réutilisables, contrairement aux peaux animales qui peuvent avoir des imperfections. Outre le fait d’être éco-responsable, Reishi est également une alternative pratique et adaptable. MycoWorks travaille principalement avec des composants naturels pour les pigments et les huiles, customisant leur matériau selon les besoins spécifiques de chaque client, et peut reproduire le produit avec les mêmes qualités à l’infini.
MycoWorks a aussi collaboré avec la maison française Hermès pour développer Sylvania, une matière vegan utilisant la même technologie Fine Mycelium que Reishi, mais avec une finition différente réalisée dans les ateliers Hermès. Cette collaboration a abouti à la création du sac Victoria, montrant l’application pratique de cette matière dans l’industrie du luxe.
L’impact de MycoWorks ne se limite pas à la mode. Leur technologie relève de la biofabrication, utilisant le vivant pour créer des matériaux durables et innovants. Le CEO de MycoWorks, Matt Scullin, a démontré que leur mycélium, cultivé sur 13 000 m² dans leur usine en Caroline du Sud, est une solution écologique, composée à 100 % de mycélium. Cultivé sous lumière infrarouge, nourri avec de la sciure de bois recyclé, et pouvant être customisé avec des textiles biodégradables comme le coton, le mycélium se confond pour former la matière brevetée Reishi.
Disponible en trois finitions (Natural, Doux et Pebble), Reishi est teint par des tanneurs en fonction des souhaits des clients, permettant une production à la demande, réduisant les stocks et les déchets. MycoWorks se consacre pour l’instant au marché du luxe, collaborant avec des marques comme Hermès et Ligne Roset, mais vise également le marché de masse, avec des collaborations potentielles avec des entreprises comme General Motors. Cette matière promet de limiter l’impact carbone de l’élevage et de la production de cuir, offrant une alternative durable et performante.
En somme, MycoWorks, avec sa technologie Fine Mycelium, propose une véritable alternative au cuir animal, alliant performance, durabilité et respect de l’environnement. Leurs innovations en matière de biofabrication ouvrent de nouvelles perspectives pour les industries créatives, offrant des solutions écoresponsables et adaptables aux besoins spécifiques des clients.

Sac Victoria d’Hermès fabriqué, en partie, en Sylvania Fine Mycelium (©Mycoworks)
